Projet artistique de l'artiste Laurent Valera sur le barrage de Petit Saut en Guyane Française. Art contemporain en Guyane avec la DAC Guyane.

Laurent Valera est invité par la Direction des Affaires Culturelles de Guyane à une résidence d’artistes de deux mois pour faire un travail artistique sur le site et le contexte du barrage hydroélectrique de Petit-Saut et sur le fleuve Sinnamary.

Cette «résidence en entreprises» est lauréate pour le programme 2017-2018 du Ministère de la Culture. Elle est financée par le Ministère de la Culture et la D.A.C. Guyane. L’entreprise associée est EDF avec le soutien de l’Association pour la Découverte Scientifique de Petit-Saut (ADSPS) pour le développement du projet.

 

Premier temps de résidence : novembre-décembre 2017 - découverte du site de Petit Saut, du territoire guyanais et des acteurs.

 

Deuxième temps : mai - juin 2018 - mémoire du fleuve Sinnamary. Visite de sites d'orpaillage à Saint-Élie.

 

Troisième temps : octobre - novembre 2018 - production des œuvres, restitution et médiation.

 

 

 

 

Re-source 1

 

Exposition de restitution des travaux réalisés en résidence d'artistes.

Salle Sinnaryouz - Sinnamary - samedi 17 novembre. Vernissage à 18h00.

 

Œuvres présentées :

Re-sources, 2018. Installation poétique de verres d’eau jouant sur les reflets de la lumière via une anamorphose entre la carte du territoire guyanais et la carte de la France métropolitaine.

Dans une pièce noire sont installés au sol 1000 gobelets plus ou moins remplis d’eau. Ils forment la carte de la Guyane. Ils sont éclairés par une lampe. Suivant le niveau d’eau dans les verres, l’eau renvoie des reflets lumineux sur le rideau vertical en arrière. Ces reflets forment la carte de la France métropolitaine.

 

Depuis 2012, la France ambitionne une nouvelle ère pour ses mines, en réformant notamment cette année le code minier, et en s’appuyant sur un méga projet contesté d’exploitation d’or en Guyane « la montagne d’or ».

 

Le code minier est doublement critiqué. A la fois par les associations et des élus à cause de son impact sur l’environnement et le manque de transparence dans la délivrance de permis, mais aussi le manque de consultation de la population. Et la critique vient aussi des entreprises elles-mêmes, qui dénoncent des normes et des procédures paralysantes. 

 

En parallèle du projet « la montagne d’or » d’autres sont en cours : le projet Triton sur l’exploitation des arbres morts et pétrifiés du lac de Petit Saut mené par l’entreprise canadienne Triton et la société Voltalia et la recherche pétrolière dans les eaux territoriales de la Guyane par la société Total en dépit d’une enquête publique aux résultats défavorables.

 

 

Re-sources, installation, 2018
Re-sources, installation, 2018

- Re-trouver la mémoire, 2018. Série photographique sous marine dans le lac de rétention de Petit Saut et en aval du fleuve Sinnamary.

 

Pour cette première résidence guyanaise il interroge les eaux du fleuve Sinnamary, dans le lac de rétention du barrage de Petit Saut ainsi qu’en aval, et donne à voir sa vision de la mémoire du fleuve au travers de ses clichés photographiques. Cette nouvelle série appelée Re-trouver la mémoire dévoile des photographies énigmatiques où des phrases flottent dans l’espace. Elles sont entre autres pour l’artiste une matérialisation poétique de la mémoire portée par l'eau du lien entre la nature et l’homme, une mémoire malheureusement oubliée par ce dernier, qu’il serait enfin  temps de retrouver.

 

Ces phrases sont issues d’un travail de collecte de la mémoire du fleuve auprès d’habitants de Sinnamary menée par Jean Fontaine pour l’Association de la Découverte Scientifique de Petit Saut en 2018, de définitions de mots liés aux activités du fleuve, d’extraits de poèmes et de textes ainsi que de textes écrits par Laurent Valera.

 

Re-trouver la mémoire, série photographique, 2018
Re-trouver la mémoire, série photographique, 2018

- Or d’eau, 2018. Installation poétique de verres d’eau jouant sur les reflets de la lumière via une anamorphose entre le mot «eau» et le mot «or».    

- Re-monter le fleuve, vidéo, 2018. Durée : 3min 59s.

 

Vidéo ludique et poétique sur le trajet en voiture en direction du barrage de Petit Saut, à travers la forêt, par le prisme d’une bouteille d’eau remplie d’eau du fleuve Sinnamary. Cette production vidéo vient interroger la remontée du fleuve traditionnellement pratiquée en pirogue et aujourd’hui possible seulement en voiture équipée d’une remorque tractant la pirogue. La bouteille d’eau interroge également sur nos pratiques d’accès à l’eau potable dans un environnement qui y pourvoit largement naturellement.

 

Le fleuve Sinnamary était pour les habitants de la ville éponyme la seule voie de pénétration du territoire en amont. La remontée du fleuve se faisait pour de nombreuses activités vivrières et de loisirs. La construction du barrage a bloqué cet axe. Dorénavant il faut pour remonter le fleuve tracter sa pirogue sur une remorque jusqu’au débarcadère (dégrad) du lac de Petit Saut. Pour cela pas d’autre choix que d’utiliser la route de Petit Saut, route interdite à la circulation publique. Elle est dédiée à un accès exclusif des professionnels du barrage. Il faut pour l’emprunter avoir une autorisation de la préfecture et une voiture alors qu’une part importante des guyanais n’a pas accès à ce moyen de transport.

Gold nature, 2018. Série photographique sur des sites de mines d'orpaillage à Saint-Élie.

 

Officiellement créé en 1970, Saint-Élie est l’une des cinq communes du Parc amazonien de Guyane et la cinquième de France par sa superficie : 5 680 km², soit la taille d’un département français moyen. Saint-Élie se situe dans le centre nord de la Guyane française à une trentaine de kilomètres à l’ouest du lac de Petit Saut. Trois heures de trajet sont nécessaires pour arriver sur place en utilisant la route et le bateau sur le haut Sinnamary. Mais sa grande particularité, c’est qu’elle dort sur un gisement d’or. Découvert au XIXe siècle, il n’a cessé d’être exploité, légalement et illégalement. Actuellement trois grosses sociétés exploitent officiellement le gisement. Sur leur passage de grands lacs ocres de «soupe» de latérites. C’est la surface de ces lacs, tels des miroirs orangés, qui donne naissance à ces reflets de forêt fantomatique. Traces d’une nature en partie balayée par l’activité minière mais qui n’a pas dit son dernier mot, toujours prête à réinvestir chaque mètre carré laissé en sursis.

Gold nature, photographies, 2018
Gold nature, photographies, 2018

Liste des lauréats du programme 2017-2018 du Ministère de la Culture :

 

Lac de Petit Saut.
Lac de Petit Saut.