Sculptures réalisées en feutre de laine (alpaga, mérinos, brebis), avec certains éléments intégrant de la vannerie végétale.
Ce travail est rendu possible grâce à l'obtention d'une bourse de recherche de l'ADAGP, dont Laurent Valera a été lauréat à l'automne 2023.
Une installation de cette série est actuellement visible à l'atelier-showroom à La Réole (33) jusqu'à l'hiver 2024.
Idols : un art de la douceur et du lien.
Les Idols, statuettes en feutre de laine, incarnent une exploration artistique et poétique de la connexion entre les vivants. Ces figures, situées entre doudous réconfortants et objets rituels primitifs, invitent à une double reconnexion : d’abord à soi-même, par la douceur de leur texture, puis aux autres vivants, dans une dynamique d’empathie et de partage.
La technique de création des Idols reflète profondément cette philosophie. Réalisées sans couture, elles prennent forme grâce au feutrage de laine, un processus où les fibres s’imbriquent et se lient par une véritable "fusion". Ce procédé, qui crée structure et lien par la seule interaction des fibres, illustre symboliquement la manière dont les relations entre les vivants se tissent et se renforcent naturellement, sans ajouts artificiels.
Ces statuettes prolongent cette réflexion en associant une dimension culturelle et matérielle forte. La laine, ressource ancestrale liée à l'histoire humaine et à des rituels à travers le monde, devient ici le vecteur d’un message contemporain sur l’interdépendance et la solidarité.
Les Idols sont ainsi bien plus que des objets ; elles sont des médiatrices entre le matériel et l’intangible, le personnel et le collectif. Elles racontent l’histoire d’un monde où le lien est au cœur du vivant, et où la douceur, loin d’être une faiblesse, devient une force pour réinventer notre rapport à nous-mêmes et aux autres.
"La bourse de l’ADAGP m’a offert l’opportunité d’approfondir mon expérimentation avec la laine, poursuivant ainsi mon parcours d’artiste plasticien. Pour mener ce projet à bien, j’ai échangé avec des artisans dont le savoir-faire m'a permis de mieux appréhender cette matière. Grâce à ces collaborations, j'ai pu plonger en confiance dans l'exploration des diverses techniques de travail de la laine, en me laissant guider par ses propriétés intrinsèques. Après avoir testé différentes approches, c’est le feutrage qui m’a véritablement captivé. Que ce soit à l’eau ou à l’aiguille, observer la métamorphose de cette matière en formes tridimensionnelles a été pour moi une révélation."
Laurent Valera travaille avec l’élément de l’eau depuis 2012, abordant à travers elle le sujet du vivant et la quête des origines. L’eau, omniprésente et traversant le vivant depuis des milliards d’années, a sans doute influencé ce dernier tant dans sa structure que dans ses aspirations. Elle incarne pour lui l’élément qui relie et unifie les formes de vie. C’est probablement ce lien qui a éveillé en lui une résonance profonde lorsqu’il a utilisé l’eau pour feutrer la laine, unifiant les fibres pour donner forme à des figures du vivant.
Petit à petit, ces feutres sont devenus porteurs de vie. Ils incarnent des êtres hybrides, entre poupée, doudou, monstre, poupée vaudou et objets de rituels. Pour l’artiste, ces créations sont désormais des objets transitionnels, invitant d'abord à une reconnexion à soi puis peut-être à quelque chose de plus grand que soi, aux autres vivants, et au monde qui nous entoure.
L’idée de voir ces Idols prendre place dans une performance de l'ordre d'un rite – mêlant chant spontané, musique, lecture de textes et danse – s’est imposée naturellement à lui. Cela inscrit son travail dans une démarche plus vaste, guidée par ses intuitions et sa connexion aux matériaux locaux du territoire où il vit, qu’il souhaite partager avec celles et ceux qui participeront à cette proposition.
"J’ai travaillé la laine de bout en bout, de la tonte à la sculpture, en passant par toutes les étapes nécessaires : lavage, cardage, et feutrage. Pour moi, ce processus complet était essentiel afin de donner un sens juste à ma démarche artistique. Il répond à mon besoin de me reconnecter à moi-même, à la matière, et au territoire où j’évolue."